lundi 7 février 2022

 Conférence du 5 Février


L’EUCHARISTIE SACREMENT DE L’AMOUR
 

Pour introduire cette conférence , je voudrais vous partager ce magnifique hymne qui nous est donné de prier pour l’Office des Laudes  :

‘ Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?

Qui donc est Dieu pour se livrer perdant aux mains de l’homme ; qui donc est Dieu qui pleure notre mal comme une mère ?

Qui donc est Dieu qui tire de sa mort notre naissance ; qui donc est Dieu pour nous ouvrir sa joie et son Royaume ?

Qui donc est Dieu pour nous donner son Fils né de la femme ; qui donc est Dieu qui veut à tous ses fils donner sa mère ?

Qui donc est Dieu pour être notre Pain à chaque Cène ; qui donc est Dieu pour appeler nos corps jusqu’en sa Gloire ?

Qui donc est Dieu ? L’Amour est-il son Nom et son Visage ?

Qui donc est Dieu qui fait de nous ses fils à son Image ?

-Je vous propose ma méditation  de deux textes bibliques pour entrer dans le Mystère de l’Eucharistie , Sacrement de l’Amour.


 A - Prenons dans le 1° Livre des Rois,  le Cycle d’Elie le prophète au chapitre 19 - 1 à 9 .

«  Le roi Achab apprit à la reine Jézabel tout ce qu’Elie avait fait lors du sacrifice sur le Mont Carmel et comment il avait fait massacrer les prophètes du dieu Baal par l’épée . Alors Jézabel envoya un messager à Elie avec ces paroles :

- Que les dieux me fassent tel mal et y ajoutent encore tel autre si demain à cette heure je ne fais pas de ta vie comme de la vie de l’un d’entre eux …’

Elie eut peur ; il se leva et partit pour sauver sa vie ; il arriva à Bersabée en Juda et laissa là son serviteur .

Pour lui , il marcha dans le désert un jour de chemin ; il alla s’asseoir sous un genêt .  Alors il souhaita de mourir et dit :

- C’en est assez maintenant , Yahvé ! . Prends ma vie ; vois, je ne suis pas meilleur que mes pères ! ….’

Il se coucha et s’endormit … »

Le prophète a fait l’expérience de la puissance de Dieu sur le Mont Carmel lors de ce sacrifice grandiose où le feu divin tombé du ciel consume l’offrande et le bois du bucher ; devant toute l’assemblée d’Israël Yahvé , le Dieu de l’Alliance , s’est manifesté comme étant l’Unique Dieu alors que toutes les autres divinités ne sont que des créations humaines . Mais après avoir connu ce succès , Elie est gagné par la peur , le sentiment de l’échec , de son   incapacité à mener à bien la mission qui lui a été confiée , peut-être même par le doute face au soutien de Dieu .

  Désespéré Il désire s’endormir dans la mort .

  "Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit :

-  Lève-toi et mange …

Il regarda et voici qu’il y avait à son chevet une galette cuite sur des pierres et une gourde d’eau . Il mangea et but, puis se recoucha …

Mais l’ange de Yahvé revint une seconde fois , le toucha et lui dit :

- Lève-toi et mange , autrement le chemin sera trop long pour toi ! …

Elie se leva , il mangea et il but , puis soutenu par cette nourriture il marcha quarante jours et quarante nuits , jusqu’à la montagne de Dieu l’Horeb …"

  Comme pour le peuple Hébreux au désert durant l’exode de quarante années , Dieu nourrit son prophète pour lui donner les forces nécessaires afin de poursuivre sa route et d’atteindre la montagne où aura lieu la rencontre divine . En cela le Dieu d’Israël se manifeste comme un père vis à vis de ses enfants . Le prophète Osée nous présente Dieu comme une maman s’occupant avec tendresse de son nourrisson :

 Osée 11 "Moi j’apprenais à marcher à Ephraïm , je le prenais dans mes bras ; je le menais avec des liens d’amour ; j’étais pour eux comme celui qui élève un nourrisson tout contre sa joue ; je me penchai sur lui et lui donnai à manger" 

  Cette galette de pain cuite sur la braise n’est pas sans nous rappeler la rencontre du Christ Ressuscité avec ses apôtres au bord du lac,  après une nuit de pêche infructueuse ; là encore,  nous constatons que les pécheurs sont découragés par ce nouvel échec … eux qui ont vécu l’épreuve de l’arrestation et de la mort sur la croix de leur maitre  

Evangile de St Jean - 21 .

"  Une fois descendu à terre , ils virent un feu de braise sur lequel on avait disposé des poissons et du pain . Jésus leur dit :

- Venez déjeuner … 

   Cette galette nous renvoie également à tous les miracles des multiplications des pains et des poissons rapportés dans les Evangiles .  Jésus nourrit les foules  venues pour entendre ses paroles ; son cœur est rempli de compassion vis à vis de tous ces frères et sœurs qui sont comme des brebis sans berger ; pour eux il se manifeste comme le Bon Pasteur qui prend soin de chacune de ses brebis . Il est le nouveau Moïse qui donne à son peuple le pain de la Vie .

  Ainsi cette galette de pain , qui refait les forces d ‘Elie pour lui permettre de marcher jusqu’à la montagne de Dieu et de vivre le mystère de la rencontre avec la Sainteté de Yahvé, est une préfiguration du Pain Eucharistique; c’est le pain de la route de nos vies souvent difficile et escarpée, véritable viatique pour permettre aux disciples du Christ de poursuivre leur chemin de vie dans le service de Dieu et de leurs frères .

   Cette expérience spirituelle du Prophète Elie découragé par les difficultés de sa mission n’est pas sans nous rappeler ce qu’ont vécu l‘Abbé Noailles et les premières fondatrices de la Maison de Lorette , rue Mazarin . Le 2 Février 1822 , en la fête de la Présentation de Jésus au Temple , Aimée Noailles demande au Seigneur de lui donner un signe de son soutien dans cette fondation de la communauté la plus humble et la plus méprisé de toutes les communautés de Bordeaux.

B - Dans ce second texte , il s’agit toujours d’un chemin , celui qui conduit à Emmaüs :  Evangile selon St Luc au chapitre 24

«  Et voici que ce même jour (de la Résurrection ) deux d’entre eux se rendaient à un village du nom d’Emmaüs , à deux heures de marche de Jérusalem .Ils parlaient entre eux de tous ces évènements .

Or comme ils parlaient et discutaient ensemble , Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître .

Il leur dit :

- Quels sont ces propos que vous échangiez en marchant ?...

  C’est alors que la rencontre se noue entre ces deux hommes et cet inconnu ; ils sont désespérés après avoir vécu l’arrestation et l’exécution de leur maitre en qui ils avaient placé tous leurs espoirs …

   - Nous espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël 

 Comme pour le prophète Elie , nous découvrons et partageons la souffrance de ces deux amis devant le constat de l’échec de leurs espérances et de leurs projets .

Mais l’inconnu va prendre le temps de relire avec eux cette expérience à la lumière des annonces des Prophètes concernant la venue et la mission du Messie .

Sur cette route , peu à peu , leur intelligence et leur cœur s’ouvrent à la compréhension des Ecritures ; ils entrent ainsi dans le plan de salut de Dieu sur notre humanité .

A l’approche du village , l’inconnu fait mine de vouloir poursuivre sa route ; mais les deux compagnons le supplient :

- Reste avec nous car la nuit tombe et le jour déjà touche à son terme …

Il entra pour rester avec eux .


   "Reste avec nous , Seigneur!" Magnifique prière pour temps de brouillard , de nuit et d’incertitude …

Il prit le pain , prononça la bénédiction , le rompit et le leur donna .

Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent …

mais  il avait disparu de devant eux …

   De nouveau il est question de galette de pain rompue et partagée entre les convives

Au début de tout repas dans la tradition juive , le père de famille ou le président de la table, prononce la bénédiction sur ce pain , don de Dieu à notre humanité :

" Béni sois-tu , Seigneur notre Dieu , roi du monde , toi qui fais sortir le pain de la terre"

Et les convives répondent AMEN pour entrer dans cette grande louange et participer à la communion avec Dieu et leurs frères .

Vous noterez que dans cette auberge ce qui est vital ce n’est plus la nourriture consommée mais c’est le signe donné - la fraction du pain - qui ouvre les yeux du cœur et permet la reconnaissance .

 "C’est le Seigneur!"…s’écrit l’apôtre bien aimé dans la barque remplie miraculeusement  de poissons … St Jean 21

  Le Seigneur peut alors disparaître de devant leurs regards ;  cette disparition n’entraîne pas chez ces deux disciples le découragement ; au contraire ils sont maintenant capable de relire leur expérience  de foi et de faire de cette rencontre avec le Christ Ressuscité un moteur pour repartir dans leur mission de témoin .

Ils se dirent l’un à l’autre : ‘ notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous quand il nous parlait sur le chemin et nous ouvrait les Ecritures .

A l’instant même ils partirent et retournèrent à Jérusalem .

Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons qui leur dirent :

- C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité , il est apparu à Simon !

Et eux racontèrent ce qui s’était passé sur la route et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain .

  Ainsi sur cette route de la vie de chacun de ses disciples , le Christ Ressuscité manifeste sa présence par une parole , un geste …. comme pour Marie de Magdala , Thomas ,  Simon-Pierre et les pécheurs sur la Lac . Il leurs permet d’entrer ainsi dans le mystère de sa Mort et sa Résurrection , du don de sa vie par Amour . 

   Pour Cléophas et son ami , comme pour les futurs disciples qui se prépareront au Baptême et à la communion eucharistique , le Christ Ressuscité marche à leur côté pour partager leurs joies et leurs peines , éclairer leur chemin par sa Parole , les inviter à s’asseoir à sa table. Ils pourront participer , avec toute la communauté rassemblée, à la fraction et au partage du pain . C’est cette expression liturgique ‘ fraction du pain ‘ qui va désigner la réunion de l’Ecclesia , l’Assemblée chrétienne , au jour du Seigneur .

Dans les Actes des Apôtres - 2, 38 -

«  Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres , à la communion fraternelle , à la fraction du pain et aux prières …

    Dans une lettre de 1823 l’abbé Noailles insiste sur cette invitation du Seigneur à le rencontrer quotidiennement dans la communion eucharistique , ce qui n’était pas la pratique sacramentelle commune à cette époque :

 "Il est certain que les premiers chrétiens communiaient tous les jours ; croyez-vous qu’ils fussent tous exempts de nos faiblesses ? …Puisque vous pleurez comme Pierre sur vos infidélités , vous êtes toujours l’ami de Jésus et vous pouvez sans crainte vous asseoir à sa table aussi souvent qu’Il vous le permet."

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  -   Nous allons poursuivre cette méditation en relisant les textes fondateurs de la Célébration Eucharistique dans les deux traditions évangéliques, celle de St Jean et celle des Synoptiques .

  A - L’évangile de St Jean nous donne un prologue qui nous fait entrer pleinement dans le Mystère du Christ qui accomplit le don de sa vie dans la plénitude de ce don :

St Jean - 13 -

«  Avant la fête de la Pâques , Jésus sachant que son heure était venue , l’heure de passer de ce monde au Père , lui , qui avait aimé les siens qui sont dans le monde , les aima jusqu’à l’extrême

  Ce don , Jésus le fait par Amour ; il le vit dans l’Amour du Père qu’il partage à ses frères les hommes . Lui , le Fils bien aimé , Il se présente comme le chemin qui conduit au Père . C’est ce message qu’il va développer dans cette grande catéchèse donnée aux apôtres lors de son dernier repas - St Jean chapitres 14 à 17.

«  Comme le Père m’a aimé , moi aussi je vous ai aimé , demeurez dans mon amour . Si vous observer mes commandements vous demeurerez dans mon amour , comme , en observant les commandements de mon Père , je demeure dans son amour ….

Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite .

Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés . Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’ils aiment . Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande ….

St Jean 15 - 8-14

  La tradition johannique place au cœur de cette ultime soirée un geste du Seigneur qui éclaire ces paroles et leur donne tout son sens : Le lavement des pieds .

«  Au cours d’un repas , sachant que le Père a remis toute chose entre ses mains , qu’il est sorti de Dieu et qu’il va vers Dieu , Jésus se lève de table , dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint . Il verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence de laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il est ceint … Jean 13



  Le texte évangélique insiste sur l’origine divine du Christ , lui qui est sorti de Dieu comme il le rappelle aux pharisiens : « Si Dieu était votre Père , vous m’auriez aimé , car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de mon propre chef , c’est Lui qui m’a envoyé … St Jean 8 - 42

 Mais cette ‘ nature divine ‘ en acceptant d’entrer dans notre humanité par l’incarnation , il l’a déposé comme son manteau ; c’est ce mystère que l’apôtre Paul nous fait partager dans ce magnifique hymne de sa lettre aux Philippiens :

«  Comportez-vous entre vous comme on le fait en Jésus-Christ :

Lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être légal de Dieu .

Mais il s’est dépouillé , prenant la condition de serviteur , devenant semblable aux hommes , et par son aspect , il était reconnu comme un homme ;

Il s’est abaissé , devenant obéissant jusqu’à la mort , à la mort sur une croix …..

Philippiens 2 - 5-8

  Ce geste de se mettre à genoux devant une personne pour lui laver les pieds était considéré comme très humiliant dans la société juive , si bien qu’il était confié au dernier des esclaves de la maison . Ce qui nous fait comprendre la réaction des apôtres et tout particulièrement de Pierre qui refuse énergiquement de se laisser laver les pieds par son maître .

Après avoir accompli ce geste prophétique , Jésus donne à ses disciples sa signification :

«  Comprenez-vous ce que j’ai fait pour vous ?

Vous m’appelez le Maître et le Seigneur , et vous dites bien car je le suis .

Dès lors , si je vous ai lavé les pieds ,  moi le Seigneur et le maitre , vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous , faites-le-vous aussi ….

 Mais ce n’est pas une simple explication que Jésus nous donne , c’est un appel , un commandement , à poursuivre dans le monde et dans l’Eglise ce service fraternel à la suite du Christ.

  L’évangile selon St Jean ne nous donne pas le récit de l’Institution Eucharistique mais le fondement de celui-ci : Le Seigneur Jésus , pour manifester l’Amour du Père auprès de ses frères en humanité , a réalisé le plus grand des services qu’il pouvait leurs offrir : leur livrer sa propre vie . A la suite du Seigneur , tous ses disciples sont envoyés dans le monde pour se mettre au service de leurs frères . 

 Cette diaconie de l’Eglise , ce service des pauvres et des frères en difficultés , des blessés de la vie , le jeune Pierre-Bienvenu l’a découvert en actes au sein de sa propre famille dans son enfance et sa jeunesse , n’hésitant pas à risquer sa vie pour sauver un infirme dans une maison en feu ; devenu prêtre et vicaire à Ste Eulalie , il découvre la grande misère qui règne dans ces quartiers et n’hésite pas à donner jusqu’à son propre matelas pour permettre à une famille de vivre . C’est pour répondre à cet appel du Christ qu’il décide en 1820 de se lancer dans cette belle aventure de la fondation d’une communauté de religieuses au service des plus petits de la société , les orphelines .

B -   Il nous faut maintenant relire les textes évangéliques rapportés par les Synoptiques concernant le dernier repas de Jésus avec ses apôtres . Les évangélistes insistent sur le contexte pascal de ce repas :

«  Vint le jour des Pains sans levain où il fallait immoler la Pâques . Jésus envoya Pierre et Jean en disant :

 -Allez nous préparer la Pâques, que nous la mangions… St Luc 22.7

Et quand ce fut l’heure , il se mit à table et les apôtres avec lui .

Et il leur dit :

-J’ai tellement désiré manger cette Pâques avec vous avant de souffrir .

 Car, je vous le déclare , jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu. St Luc 22.14

  A la suite de Moïse , Jésus célèbre le repas pascal avec ses disciples , le nouveau peuple de Dieu ; à la différence des Hébreux fuyant l’Egypte , la terre d’esclavage , et sacrifiant un agneau pour marquer de son sang les linteaux des portes de leur maison , le Christ s’offre lui-même en sacrifice pour le salut de toute notre humanité.

«  Il prit du pain et après avoir rendu grâce , il le rompit et le leur donna en disant :

- Ceci est mon Corps donné pour vous . Faites ceci en mémoire de moi .

Et pour la coupe , il fit de même après le repas , en disant :

- Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous .

 St Luc 22. 19-20

- Ceci est mon sang , le sang de l’Alliance , versé pour la multitude .

St Marc 14 .24

- Buvez-en tous car ceci est mon sang , le sang de l’Alliance , versé pour la multitude , pour le pardon des péchés .

St Matthieu 26.28

En versant son sang sur la croix , Jésus mène à son terme l’Alliance qui jadis avait été scellée au Sinaï par le sang des victimes ; il inaugure l’Alliance nouvelle annoncée par les prophètes ; cette Alliance , à la différence de la première , est largement ouverte à l’ensemble des hommes , la multitude entrevue par Isaïe .

- Debout Jérusalem resplendit …les nations marcheront à ta lumière …lève les yeux et regarde : tous sont rassemblés , ils viennent à toi … Isaïe 60 - 1 -4

  Jésus célèbre le Repas de la Nouvelle Alliance . Il partage ce repas avec ses disciples en faisant des gestes traditionnels : il prend une galette de pain , puis une coupe de vin ; il rend grâce au Père pour le don de ces aliments ; il partage le pain et en donne un morceau à chaque convive ; il fait circuler la coupe ; il invite à manger et à boire ; ces rites sont vécus au cours du repas pascal , également au cours des repas du Sabbat . Mais la grande nouveauté de ce repas porte sur les paroles que Jésus prononce en annonçant se mort et sa résurrection , sa venue dans la gloire de Dieu , en invitant ses disciples à ‘ faire mémoire ‘ de ce qui vient d’être vécu .

Après sa Résurrection , le Christ se manifeste auprès de ses disciples souvent au cours de repas - disciples d ‘Emmaüs , pêche miraculeuse … -

 il reprend ces mêmes rites d’action de grâce et de partage de la nourriture

« Comme ils restaient encore incrédules …il leur dit :

.- Avez-vous ici de quoi manger … St Luc 24. 42

Par ce partage du pain , le Seigneur exprime sa présence au milieu de ses disciples ; il réalise la communion avec lui et entre eux .

Les évangiles , les Actes des Apôtres , les lettres de Paul nous décrivent la pratique des premières communautés chrétiennes qui se rassemblent le Jour du Seigneur pour répondre à cette invitation à ‘ faire mémoire ‘ de sa mort et de sa résurrection .

Les chrétiens vivent le ‘Repas du Seigneur ‘ en célébrant la ‘ fraction du pain’  ;  ils deviennent ainsi ‘ un seul corps et un seul esprit ‘ dans le Christ ; cette communion eucharistique les appelle à faire Eglise , c’est à dire à vivre dans la fraternité , mais également à être attentif à tous les frères qui sont dans le besoin ; Communier au ‘ Corps du Christ ‘ c’est inséparablement communier au ‘ Corps-Eglise ‘ .

 Nous le comprenons en relisant certains textes de St Paul , comme ces reproches adressés aux Corinthiens :

«  Quand vous vous réunissez en commun , ,ce n’est pas le repas du Seigneur que vous prenez . Car chacun se hâte de prendre son propre repas en sorte que l’un a faim tandis que l’autre est ivre .  N’avez-vous pas de maison pour manger et pour boire ? Ou bien méprisez-vous l’Eglise de Dieu et voulez-vous faire affront à ceux qui n’ont rien ? …. I° Corinthiens . 11 / 21-22 

 D’où l’importance non seulement de participer au Repas du Seigneur mais également de vivre la communion fraternelle dans tous les actes du quotidien ; les Actes des Apôtres en décrivant les premières communautés insistent sur cette communion avec tous les frères , tout particulièrement ceux qui connaissent des difficultés . De même la communauté va faire porter une parcelle du pain eucharistique aux absents , malades , prisonniers , afin que se nourrissant du Corps du Christ , ils participent pleinement à la vie de ce Corps .

   C’est cette expérience spirituelle qui sera vécu par le jeune Pierre Bienvenu lors qu’il désirera recevoir le Seigneur présent dans l’Eucharistie ; après avoir prié longuement dans la chapelle dédiée à Notre Dame du Mont Carmel , il célèbre sa première communion en la fête de la Toussaint le 31 Octobre 1813 . Il fait alors l’expérience de l’Amour de Dieu dans sa plénitude . Dans ses notes de retraites il écrit qu’il se savait tellement aimé de Dieu , qu’il avait la certitude de pouvoir faire sa première communion , même si il n’avait pas pu  se confesser et recevoir l’absolution . Toute sa vie sera désormais sous la mouvance de cet Amour divin dont il avait fait l’expérience .

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  3° -   Je vous propose d’entrer dans le Mystère du Miracle Eucharistique en faisant un bref raccourci historique de l’évolution du culte eucharistique dans l’Eglise catholique . C’est à partir du XI° siècle que l’Eglise va développer le culte de l’adoration du Pain Eucharistique . De grands spirituels comme St Bernard vont soutenir par leurs écrits cette dévotion .

 Les disciples du Christ avaient toujours reconnu que le Seigneur Ressuscité était réellement présent sous les espèces du pain et du vin , non seulement durant la célébration de la messe , mais en permanence en étant conservé dans la réserve eucharistique ;  ce qui permettait de porter la communion en viatique aux malades, aux mourants.

  Il faut constater qu’une évolution va apparaître dans les motifs de la participation des fidèles à la célébration eucharistique en passant de la communion à l’adoration .

Le Pain Eucharistique devenant le Christ sous une forme visible , il était vital pour communier aux fruits du salut offert par sa mort et sa résurrection de le voir et de le contempler le plus longtemps possible . D’où l’importance du geste du célébrant lorsqu’il présente à l’assemblée l’hostie consacrée , la contemplation du Corps du Christ par l’ensemble des fidèles étant vécu comme une véritable communion sacramentelle .

C’est ainsi que ce nouveau rite de l’élévation après la consécration devient le centre de toute la liturgie eucharistique.

Les fidèles vont demander aux ministres de l’Eglise de pouvoir prolonger ce temps d’adoration en dehors de la célébration eucharistique . C’est ainsi que se développent des célébrations de vénération du Saint Sacrement et que va être proposée une fête en l’honneur de l’Eucharistie . Le pape Urbain IV promulgue en 1264 une bulle instituant la Fête-Dieu ; mais celle-ci devient populaire dans la chrétienté après l’intervention de notre pape bordelais Clément V en 1312 .

 Cette fête en l’honneur de l’Eucharistie , mémorial de la Passion et de la résurrection du Seigneur , était un appel à participer à la célébration de la Messe et à communier au Corps du Christ . Mais ce qui va être mis en valeur par les fidèles sera la joie de voir le Christ présent au cœur de l’assemblée , puis visitant les rues de la cité et bénissant les maisons lorsque les processions vont se multiplier. C’est véritablement l’expérience du peuple d’Israël accueillant l’Arche d’Alliance dans son camp ; Dieu est présent au milieu de son peuple . Le Concile de Trente en affirmant la foi en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie rappelle que l’Eucharistie a été instituée pour "être mangée" - d’où l’importance de la communion, tout en approuvant les pratiques de dévotion, d’adoration, de procession .

  Les XVII° et XVIII° siècles vont connaître un développement de plus en plus intense de l’adoration de la réserve eucharistique . Les formes de cette dévotion devinrent de plus en plus grandioses et même parfois théâtrales ; il suffit de visiter les églises baroques avec leurs immenses retables, les ostensoirs magnifiquement décorés …Deux pratiques vont se développer : l’adoration permanente et les Quarante heures pour ne pas laisser seul le Seigneur , comme l’avaient fait les apôtres au moment de la prière à Gethsémani , et l’adoration réparatrice pour réparer les sacrilèges commis contre l’Eucharistie .

 Mais c’est le XIX° siècle qui va être le siècle de l’Adoration Eucharistique avec la naissance de nombreux instituts religieux centrés sur l’adoration , De grandes figures de l’Eglise , comme Charles de Foucaud , vont mettre en valeur la présence du Christ au cœur de ce monde dans le pain consacré .

  Malgré la petitesse et la pauvreté de la maison de la rue Mazarin une chapelle a été aménagé avec un joli autel en bois et son tabernacle offert par Mlle de Lamourous . C’est dans ce temple qui ressemble par sa simplicité à l’étable de Bethléem que la nouvelle communauté , religieuses et pensionnaires , se réunit pour participer au Saint Sacrifice de la Messe , pour vivre des temps d’adoration et de contemplation du Saint Sacrement ; cette chapelle est véritablement le cœur de la vie de cette petite cellule d’Eglise .

Le Père Noailles insiste dans sa formation aux novices sur l’Amour de l’Eucharistie qu’elles doivent faire grandir et combien l’Adoration Eucharistique doit être le centre de la vie de la sainte Famille :

«  Il n’est peut-être pas de pratique plus agréable à Notre Seigneur que la visite au Saint Sacrement .

Si on a le temps de visiter un ami , en manquerait-on pour visiter Notre Seigneur dans le sacrement de son Amour ?

Quand on a un ami , on le voit et le temps est toujours trop court .

Que de choses on trouve à lui dire !

Or Jésus-Christ est notre ami .

Quel ami nous aime autant que Lui ?

Combien de choses avons-nous à lui demander dans nos peines, dans nos craintes , dans nos tentations ?  -  Sources 3 - 547

 C’est cette amitié de Jésus , le ‘ seul véritable ami ‘ comme il aime l’invoquer à la fin de sa vie , que le bon Père désire partager avec les religieuses et les enfants de sa nouvelle fondation . Mais celle-ci connait tant d’épreuves qu’il peut , à la suite d’Elie et des apôtres , se poser en vérité la question de savoir si c’est vraiment la volonté de Dieu qu’il est en train d’accomplir …

C’est pourquoi la présence du Saint Sacrement dans cette petite maison de la rue Mazarin est déjà un signe de la protection du Christ sur cette œuvre , de la manifestation de son amour pour les petits, les exclus de la société .`

  Mais cette protection va se manifester publiquement et solennellement au cours de l’apparition du 3 Février 1822 .

En ce Dimanche , jour du Seigneur , la communauté réunie pour adorer le Christ présent dans le Saint sacrement a eu l’immense privilège d’être bénie par le Seigneur lui-même .

«  Il nous bénissait …Il nous montrait son cœur .

Oh ! Ne l’oubliez jamais !  Jésus vous a montré son cœur pour que vous alliez à lui dans vos difficultés , dans vos tentations , dans vos heures de découragement !

Lui seul est l’ami fidèle ! Lui seul est le vrai consolateur , Lui seul est le plus sûr des conseillers , la source de tous les biens ‘

Ces paroles du Bon Père citées dans les Cahiers de la Mère Ollière nous font entrer dans l’esprit du fondateur et sa compréhension du miracle .

 Durant cette apparition le Seigneur fait un double geste : à la fois il bénit la communauté et ses responsables et il montre son cœur ;  il nous fait entrer ainsi dans le mystère de l’Eucharistie , sacrement de l’Amour donné en plénitude .

Le Christ apparaissant à Ste Marguerite-Marie dans son couvent de Paray le Monial lui avait confié :

«  Mon cœur est si passionné d’amour pour les hommes et pour toi en particulier

que , ne pouvant plus contenir en lui-même , les flammes de cet amour , il faut qu’il les répande par ton moyen …’

Ces paroles nous rappellent ce commandement du Seigneur lors du dernier repas :

«  Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous , vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera … St Jean 15.7

 Comme Marie de Béthanie aux pieds de Jésus , nous sommes invités à demeurer auprès du Seigneur , à entrer dans son intimité pour pouvoir vivre une relation filiale avec le Père dans le souffle de l’Esprit . l’Eucharistie est le lieu par excellence de la manifestation de l’Amour de Dieu pour tous ses enfants . Ce don d’Amour réciproque entre les Trois personnes de la Sainte Trinité , depuis notre baptême ,  nous sommes appelés à en vivre dans le quotidien de nos existences , mais également à en témoigner dans la charité et l’attention aux plus petits de nos frères .

 C’est ce programme de Vie que le Bon Père a désiré mettre en œuvre dans son Institut de la Sainte Famille , en prenant comme modèle la Sainte Famille de Nazareth . Mais pour rappeler à tous ses membres le rôle central de l’Eucharistie , source et sommet de toute vie chrétienne , il a désiré faire une dernière fondation , les Solitaires , des religieuses qui porteront dans la prière auprès du St Sacrement toute son œuvre .

 Dans un sermon le bon Père nous confie les fruits de sa contemplation de l’Eucharistie et nous invite à entrer dans sa prière :

         " Quel prodige d’Amour ! Un Dieu qui fait ses délices d’être au milieu des hommes !

Si Jésus est notre roi, nous devons nous honorer de l’approcher de si prés, de pouvoir lui parler si familièrement .

         L’ami visite l’ami dans la peine , le malade visite le médecin .

Or Jésus-Christ est le médecin de nos infirmités spirituelles …"

              ……. Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?

Père Pierre MEUNIER

Prêtre Associé 

de la Sainte Famille de Bordeaux

samedi 5 février 2022

 



Conférence du 4 Février

Le miracle eucharistique du 3 février 1822

 

Deux cents ans se sont écoulés depuis l‘évènement du 3 février 1822 dans la petite chapelle de la rue Mazarin !

En dépit de bien des difficultés, l’abbé Noailles avait fondé la Sainte-Famille, en 1820. Le 3 février 1822, comme il était retenu par son ministère, à la paroisse Sainte-Eulalie, l’abbé Delort le remplaça pour donner la Bénédiction du Saint Sacrement, dans la chapelle des Sœurs, rue Mazarin, à Bordeaux.

Pendant vingt minutes, les participants purent contempler, se substituant à l’hostie exposée pour l’adoration, le buste d’un homme jeune, au visage lumineux, très beau, s’inclinant avec bonté vers l’assemblée recueillie et paisible. Milady Peychaud ne vit rien, mais entendit Quel­qu’un lui dire: «Je suis Celui qui suis, il n’y a que Moi qui sois… »

 Nous savons que cet évènement a eu lieu alors même que le Bon Père Noailles connaissait beaucoup de difficultés, de critiques. Son initiative de fondateur était remise en cause y compris l’existence de la première et toute petite communauté de la rue Mazarin.

Les premiers pas de la Famille de P.B Noailles ont donc été fragiles et précaires … Mais le Seigneur a choisi pour manifester sa présence, un moment précis de notre histoire ; un moment de doute, d’interrogation...

Le Fils de Dieu, lui-même « n’est pas né dans une époque idéale, mais dans un monde torturé par la violence, les luttes… La naissance de Jésus s’est réalisée dans la faiblesse d’un nouveau-né, face à un monde hostile, puissant et destructeur » (Fr Jean-Burnod – La Croix du 24 :12 :2021). C’est dans ce monde, tel qu’il est, que Dieu, par sa venue en ce monde, a béni et continue de bénir son peuple,

Les pèlerins d’Emmaüs… ils avaient cru en cet homme de Nazareth… leur foi était ébranlée par sa mort sur une croix… ils étaient déçus…  Mais ils ont reconnu le Seigneur dans la Parole de celui qui marchait avec eux et dans la fraction du pain.

L’histoire d’Israël est une succession d’épreuves (Abraham, Moïse, Noé, Joseph…) mais aussi de bénédictions.  Notre vie s’enracine dans cette longue histoire.

L’Eglise, à cause des nombreux scandales,  connait aujourd’hui de grandes difficultés, une remise en cause et nombre de chrétiens ne savent plus s’ils doivent encore lui faire confiance. …

Les difficultés et les crises au sein de l’Église catholique ne sont pas des signes d’une Église en déclin, mais d’une Église vivante qui vit des défis, tout comme les hommes et les femmes d’aujourd’hui, a déclaré le pape François. Ce serait une erreur de penser que l'épreuve est inutile.

« Rappelons-nous que l’Église a toujours des difficultés, elle est toujours en crise, parce qu’elle est vivante. Les choses vivantes traversent des crises. Seuls les morts n’ont pas de crises »,

Les circonstances dans notre vie peuvent nous attrister, nous ébranler. Nous avons facilement tendance à considérer les épreuves et les bénédictions comme deux réalités opposées.  Mais les difficultés provoquent souvent des bénédictions et les bienfaits des tentations. Un moine bénédictin nous dit : S’il y a toujours des difficultés et des luttes, il y a toujours de vraies et bonnes raisons de vivre avec de la paix et de la joie au cœur. Le réel c’est le moment présent. « Je pensais avoir une complicité, une proximité avec Dieu et tout à coup, c’est le silence, l’abandon», relève Olivier Belleil, membre de la communauté du Verbe de Vie.

L’épreuve est une situation extérieure à nous-mêmes qui révèle notre être profond.  C’est dans les épreuves que le Seigneur affermit la foi des croyants. C’est dans les épreuves que se vérifie la constance, la force de notre foi ! »

Au livre de Jérémie nous lisons : "Je changerai leur deuil en allégresse, et je les consolerai ; Je leur donnerai de la joie après leurs chagrins."  (Jérémie 31.13.).  "C'est la bénédiction de l'Eternel qui enrichit et il ne la fait suivre d'aucun chagrin." (Proverbes 10.22).  Dieu n'a d'autre désir que de nous bénir.

Avez-vous entendu parler de Jaden Hayes...? C'est un petit garçon qui a eu un début de vie très difficile. Son père est décédé quand il n'avait que 4 ans. Et à peine 2 ans après cet épisode tragique, il découvrira le corps de sa mère, décédée dans son sommeil.

Tout le monde était désolé pour lui et le regardait avec tristesse. Fatigué de voir tant de personnes aux visages tristes autour de lui, l’enfant a commencé à réfléchir à un moyen de rendre à nouveau les gens heureux. Il s'est dit qu'en souriant aux personnes autour de lui, celles-ci allaient faire de même.

Il vivait dans la ville de Savannah aux Etats-Unis. Avec sa tante ,il a alors commencé à s'approcher des gens à l'air triste, dans la rue. Jaden leur souriait et leur offrait même parfois un petit jouet.

Les médias ont relayé cette information et les gens ont commencé à envoyer des photos de leur propre sourire à Jaden ainsi que des cadeaux... Un mouvement national est même né de cette initiative.

On peut se poser la question : comment un petit garçon qui a tant perdu peut-il tellement donner...? Ce petit garçon a été une bénédiction de Dieu par un simple sourire… sourire qu’il a su communiquer parce qu’il avait le désir de rendre les gens heureux.

Le miracle eucharistique 1822 est le sourire de Dieu adressé au Bon Père, aux témoins du miracle et ce sourire ne cesse de se communiquer jusque à nous depuis 1822 ! Communiquons-nous ce sourire ? Savons-nous le communiquer ?

Célébrer le bicentenaire, c’est nous engager à rendre fructueux l’évènement de grâce du 3 février 1822! Le Seigneur a béni l’œuvre de Pierre Bienvenu Noailles en ses commencements. Le feu intérieur de la Parole divine entendue par Milady Peychaud, le visage lumineux de Jésus contemplé par Mère Trinité Noailles,  par l’Abbé Delord et tous les témoins du miracle eucharistique, doivent embraser et illuminer toute notre vie !

Pour faire flamboyer l’Evangile de justice et de paix et libérer l’avenir,  la grâce reçue de Dieu par Pierre Bienvenu Noailles doit être une étincelle d’Evangile là où, aujourd’hui, les membres de sa Famille spirituelle, sont à l‘œuvre. Le Bon Père écrit : « Mon plus grand désir, comme ma plus constante prière au Seigneur, est de voir se continuer le bien que Jésus lui-même est venu bénir et encourager d’une manière visible. Bénédiction qui jusqu’à ce jour a porté des fruits si abondants puisque la Sainte-Famille porte de toutes parts l’étendard sous lequel elle est heureuse de marcher. » « Il est avec nous et il y sera toujours » (Source 3, fiche 455)

(Témoignage de Christelle)

Dieu nous a manifesté le 3 février 1822 l’expression de son amour et de sa présence, de son appel et de son désir. Le Bon Père attribuait le progrès de son œuvre à la bénédiction miraculeuse du 3 février 1822.

Ayons foi en notre avenir ! Goûtons la saveur et la fraîcheur de la bénédiction miraculeuse dont nous avons été graciés pour choisir la vie. Que ne peut-elle faire en nous et à travers nous si nous continuons de la recevoir avec foi, action de grâce.

Lorsque Dieu agit, son action est de toujours à toujours.  C’est un éternel présent et chaque moment est celui de sa faveur et de son passage, plénitude de grâce si nous l’accueillons dans toute la richesse de sa présence.

Le Seigneur est venu bénir la Famille spirituelle de P.B Noailles et appeler sur elle le bonheur et la paix, l’encourager. Fortifiée par la manifestation visible de la pré­sence divine dans l’Eucharistie, et la paix succé­dant aux angoisses des débuts, la Sainte-Famille se développa rapidement. Attentive aux appels du Seigneur, elle essaya de faire face aux innom­brables nécessités de l’après-Révolution française.

.Le miracle eucharistique a eu lieu non pas au cours d’une messe, ni pendant un temps d’adoration du Saint Sacrement mais il a eu lieu durant la bénédiction.

« Nous sommes votre famille, votre héritage, bénissez-nous ! Vous nous avez bénies d’une bénédiction miraculeuse… vous n’avez cessé de nous bénir et cette bénédiction a fait couler des fleuves de grâces et des torrents de miracles… » (P.Lemius – omi)

St Clément de Rome écrit : « Attachons-nous à la bénédiction de Dieu et voyons quels en sont les chemins. ». Le Seigneur ne cesse de bénir notre Famille spirituelle de génération en génération. C’est un appel et une force pour avancer sur des chemins nouveaux,  vers un ailleurs et un autrement de la Mission.

L’esprit de Dieu seul qui nous anime, active en nous la bénédiction du Seigneur pour la vie de l’Eglise, du monde … La bénédiction du 3 février est le cadeau que Dieu nous offre et offre à son Eglise.


Le mot bénédiction signifie un geste de Dieu à l’égard de notre humanité, geste de bienveillance et d’amour. Nous sommes un corps vivant à qui le Seigneur veut donner la force de sa bénédiction.  Il est toujours prêt à ouvrir sur nous les écluses des cieux et à répandre sa bénédiction avec une abondante abondance.

Le mot bénédiction évoque un fait réconfortant puisqu’il signifie » action de bénir » et que le verbe bénir est synonyme de « dire du bien ».Le Seigneur continue de dire du bien de la Sainte-Famille ! L’évènement du 3 février 1822 est une parole et un geste   de bénédiction.  

Bénédiction en hébreu se dit berakah. La première lettre est beth qui symbolise la maison, le monde, la famille... Cette lettre est ouverte d’un côté pour recevoir la lumière divine, pour nous tourner vers l’avenir et non vers le passé.

(Témoignage d’Annie)

La bénédiction eucharistique du 3 février 1822 est une promesse d’avenir pour le Père Noailles, une parole de confiance pour poursuivre son œuvre car tel est le désir du Seigneur.  Pour toute la Sainte-Famille, le miracle eucharistique du 3 férie 1822 est   une semence de bénédiction, d’espérance et de bonheur… de bonheur en Dieu seul.

Ce miracle nous plonge dans le mystère du Salut.  Milady Peychaud entend le Seigneur dire « Je Suis qui Suis et il n’y a que Moi qui sois…  «  Les honneurs et l’estime des hommes ne sont que de la fumée,  et je suis Celui qui suis et il n’y a que Moi qui sois. Leur amitié n’est que de la poussière et je suis Celui qui suis et il n’y a que Moi qui sois. Les richesses et les plaisirs ne sont que de la boue et je suis Celui qui suis et il n’y a que Moi qui sois.

 « Moi » dans les Ecriture signifie « Dieu sauve ». C’est un des noms de Dieu. Jésus est le Dieu qui sauve… Le Seigneur appelle Milady Peychaud à vivre au plus intime d’elle-même le mouvement de sa Pâque, à passer sans cesse de la mort à la vie pour goûter l’amour et la liberté des enfants de Dieu. Jésus réoriente ses désirs. Jésus réoriente nos désirs.

Pour nous,  comme pour Milady Peychaud, la Parole que le Seigneur nous adresse est une parole claire qui nous appelle à donner à notre vie une densité évangélique. Franz Kafka a imaginé un court dialogue entre Dieu et Abraham, après l’épreuve de la ligature d’Isaac. « – Pourquoi voulais-tu me mettre à l’épreuve ? demande Abraham à Dieu. – Pour te montrer non pas ce qui te manque mais qu’il te manque quelque chose… » C’est peut-être cela que le Seigneur dit à Milady Peychaud et nous dit à nous aussi !  Isabelle Delisle écrit : « Ne commettons pas la grande erreur de chercher Dieu à l’extérieur de nous ! 

La parole divine est une lampe sous nos pas, la lampe de notre route pour découvrir le chemin du bonheur. «  Plus notre soif est grande, plus Dieu est à même de la satisfaire.  Nous devons venir devant Dieu, pour prier et appeler sa bénédiction. Jésus nous dit : « Si vous demandez quelque chose en mon nom à mon Père,  il vous le donnera en mon nom » (J, 16,23)

La plus grande bénédiction du Seigneur,  est la présence contemplée et la parole écoutée du Seigneur en son Eucharistie, le plus grand cadeau que Dieu nous fait. Elle est le centre même de la vie de la Sainte-Famille, de notre vie.

« L’Eucharistie n’est pas quelque chose. Elle est quelqu’un. Elle est le Christ sauveur lui-même dans l’acte même où il nous sauve ». (Congrès eucharistique de Séville 1993).

Si nous savions adorer, rien ne pourrait véritablement nous troubler.
Nous traverserions le monde avec la tranquillité des grands fleuves.
Sagesse d’un pauvre – Éloi Leclerc

(Témoignage de chimène)

L’adoration eucharistique est un acte de foi en Jésus, le Fils Unique de Dieu, le Sauveur, le Seigneur, la Tête de l’Eglise, la Source de la Vie éternelle. Elle est notre acte d’espérance. : “Ne crains pas, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume.”. (Luc 12, 32 ). Jésus savait que des périodes troublées attendaient ses proches disciples. Mais ils n’avaient aucune raison d’être dans la crainte s’ils continuaient de chercher le Royaume de Dieu.

Quelle que soit notre situation - les épreuves que nous connaissons personnellement, dans nos familles, nos communautés - en Jésus, nous sommes bénis de toute bénédiction, (Ep.1:3). « Tout est grâce au pays de mon Seigneur » m’écrivait un jour un moine de Tamié. Didier Decoin écrit « il fait Dieu comme pour d’autres il fait jour».  « Le drame existe, écrit-il,  mais Dieu aussi, ce qui constitue une raison suffisante de choisir la joie ».

Ayons foi en notre avenir personnel, familial, communautaire ! Goûtons la saveur et la fraîcheur de la bénédiction miraculeuse dont nous avons été graciés pour toujours choisir la vie. Que ne peut-elle faire en nous et à travers nous si nous continuons de la recevoir dans une joyeuse espérance avec foi, action de grâce.

Avec Mère Trinité Noailles et tous les témoins du miracle eucharistique aux cœurs brûlants du désir de voir et d’écouter à nouveau le Seigneur, nous proclamons : « ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous écrivons ces choses, afin que notre joie soit parfaite. » (I Jn 1,3-4)

SOEUR BERNADETTE TAURINYA

       Contemplative SFB

 

 

 

 Témoignage 



REMERCIEMENTS ET PRÉSENTATION

Je remercie la communauté de la Sainte Famille de m’avoir invitée à témoigner.

Je m’appelle Christelle, j’habite au village de Martillac.

Je suis mariée, maman de 2 enfants dont l’aînée qui a 21 ans a des problèmes de santé depuis sa naissance après une erreur médicale.

COMMENT JE SUIS ARRIVÉE À L’ADORATION 

Jeune maman, j’ai arrêté de penser à travailler pour me consacrer à ma fille. Les médecins avant sa naissance ne cessaient de nous dire qu’elle allait mourir,  puis qu’elle ne pourrait jamais rien faire de sa vie. Que nous devions arrêter de nous battre et la mettre dans un institut.

Avec ma jeunesse et la rage de réparer le mal que ma famille avait subi, j’ai foncé comme une boule dans un jeu de quilles, n’écoutant que mon cœur qui me disait «continue à regarder la lumière, la vie... »

Les années ont passé, les obstacles étaient et sont toujours aussi grands. Seulement ma force face à tout cela a diminué. Je me suis épuisée, écroulée.

Déménageant à Martillac, je fais la connaissance de la Sainte Famille. Les sœurs deviennent mes amies, un soutien. Je découvre le miracle Eucharistique. Jésus qui bénit.

HEUREUSE DE SAVOIR QUE JÉSUS EST APPARU AU MOMENT OÙ TOUT ALLAIT MAL

Je me trouvais dans un lieu où les yeux ont vu et les oreilles entendu. Oui, vraiment la Gloire de Dieu s’est manifestée avec Puissance. C’est du concret et cela me donne de la force.

Le miracle Eucharistique s’est produit dans une période difficile. Alors je me disais : « Je suis en difficulté et quel que soit le chemin que je prends il est voué à l’échec. Les soutiens se sont fatigués eux-aussi et je les comprends. Sombrer ou vivre? »

J’ai choisi la vie et plus encore, « la vie en abondance » Si le Seigneur vient soutenir l’œuvre de Père Bienvenu Noailles par une manifestation Glorieuse. Il viendra aussi pour moi. « Lui et moi »

REVENIR ENCORE ET ENCORE DEVANT LE SAINT SACREMENT 

Une douce force m’amène devant le St Sacrement au milieu d’un emploi du temps chargé

C’est un moment ou je déversais ma fatigue, mes colères, mes incompréhensions. Je sentais que Lui et moi nous nous comprenions. C’est un temps des supplications. Je répétais : « Aide-moi! Aide-moi ! »

Cependant j’avais la joie d’y revenir, joie de me poser loin de toutes adversités. Je revenais dans mon quotidien plus calme, moins encombrée, même si je n’en prenais pas trop conscience.

APRÈS LES SUPPLICATIONS, VIENT LE MOMENT OÙ JE REGARDE JÉSUS EUCHARISTIE

Je ne regarde plus ma situation (mes fatigues, colère, découragement…).

Je Le regarde. J’apprends à me décentrer. Mes yeux se tournent vers Lui. Sa douce voix sort mon regard de mes ténèbres. 

A CE MOMENT-LÀ, LE DOUTE S’INSTALLE 

« Que fais-je ici? » « J’ai tellement de choses à faire ! » « Je me cache, je rêve? » « Marthe ou Marie ? »

On me dit alors, pas besoin de venir adorer car Dieu est partout, Il est en toi, Il est dans la rencontre avec l’autre. Je suis perdue….

Je sais que Dieu est là dans mon quotidien. Mais la situation est tellement difficile, l’adversité est trop forte pour moi et malgré les amis qui m’encouragent, je n’ai plus de force.

Comment accueillir toute cette souffrance, toutes les portes qui se ferment, toutes ces personnes qui blessent sans se rendre compte des dégâts causés. Que ce soit dans le milieu médical, dans le milieu scolaire, au niveau administratif et même dans la famille. Oui comment accueillir tout cela et en même temps proclamer que Jésus est victorieux. Je ne peux pas être témoin du ressuscité en sombrant dans le désespoir….

POUR SORTIR DU DOUTE, JE M’APPUIE SUR PLUSIEURS CHOSES 

Tout d’abord, je me souvenais d’un témoignage qui m’avait marquée. Une dame gravement malade, en fin de vie témoignait de sa guérison. Lors de ce témoignage, je ne comprenais pas cette personne. Ce qui me choquait, c’est le fait qu’elle aimait Jésus. Elle adorait Jésus. Elle répétait : « J’aime tellement Jésus! »

Moi, j’aurais dit « Jésus, guéris-moi! » et je serais restée sur cette parole .

Vient en moi également, l’histoire de mère Theresa. Elle mettait en premier lieu l’adoration quotidienne. Une heure d’adoration  par jour. Adorer, puis aller dans la difficulté, dans le quotidien où l’Homme ne peut rien faire sans son Dieu.

Je regarde alors ce que faisait Jésus. Il prêchait, guérissait… Il devait surement être fatigué. Mais ce qui me marque c’est qu’Il se mettait à l’écart pour prier. Jésus va adorer le Père en haut de la montagne. Le Père donne tout au fils et le fils remet tout au Père par l’Esprit Saint.

         Marthe et Marie. « C’est Marie qui a choisi la meilleur part » dit Jésus.

FUT LE MOMENT DE LA RENCONTRE 

Je décide alors de monter moi-aussi sur la montagne, pour adorer. Je n’y vais plus pour supplier, mais j’y vais telle que je suis. Je ne me regarde plus, je Le regarde. Je reste simplement en Sa présence.

J’apprends a vivre l’instant présent. Ce temps gratuit que j’offre au Seigneur, c’est le temps ou tout est remis conscient ou inconscient. Pour moi, c’est un temps, hors du temps. Je ne peux plus dire que je n’ai pas le temps. Mon corps s’arrête, il se calme. Mes pensées sont déposées. J’apprends à rester seulement devant Jésus Eucharistie et à vivre cet instant dans le présent. Je laisse Jésus, l’Esprit Saint, agir sans savoir, sans comprendre. Il me pousse alors à dire « Que Ta volonté soit faite! »

« Que Ta volonté soit faite! » pour moi, ce n’est pas accepter la situation difficile. C’est accueillir cette situation maintenant, telle qu’elle est en étant sûre dans mon cœur que l’Esprit Saint va me montrer comment agir dans mon quotidien pour le vivre, pour le transformer. Car pour moi, Jésus a tout gagné à la croix. Toutes mes situations difficiles sont gagnées.

PLUS J’ADORE, PLUS L’INTIMITÉ AVEC JÉSUS GRANDIT 

En apprenant à vivre le temps présent, en adorant devant le St Sacrement, Jésus est devenu plus qu’un ami. Il est devenu mon tout, Il est devenu la porte où mon âme rencontre la Trinité . Lieu 

 CONCLUSION

Pour moi, adorer Jésus Eucharistie, c’est participer au mystère de Dieu, sans chercher a comprendre.

Je suis toute petite, unique, aimée du Père, mais en même temps je ne suis qu’un avec tous, avec toute la création.

                                                                                                 Christelle