Méditation sur
l’hostie
J’aime beaucoup prendre dans ma main une hostie qui n’est
pas consacrée et méditer devant ce morceau de pain. Il y a d’ailleurs deux
expressions synonymes : gagner sa vie et gagner son pain ; le pain,
c’est la vie. Et je me dis : Comment Dieu regarde-t-il ce morceau de
pain ? Il ne le voit pas comme il verrait un caillou, car ce pain est le
résultat de toute une histoire. Pour que je puisse le tenir dans mes mains, il
a fallu le travail de nombreuses personnes… Ce pain est le fruit de la
transformation de la nature. Notre tâche humaine est l’humanisation de la
nature, la transformation du monde pour qu’il devienne humain.
Si l’on en reste à cette transformation, c’est fini.
L’histoire de l’homme reste purement humaine, elle boucle sur elle-même. Ce
pain, on va le manger et puis on continuera à travailler, à transformer la
nature et à produire du pain ; il n’y a pas de débouché au-delà de
l’histoire.
Mais si je porte ce pain sur l’autel, le Christ en fait son
propre corps ; il divinise ou christifie ce que moi, j’ai humanisé :
« Ce pain, ce vin, fruits de
la terre et du travail des hommes ;
Ils deviendront le pain de la vie
et le vin du Royaume éternel »
Si le morceau de pain que je porte à l’autel n’est pas
l’homme, il n’y a plus grand-chose à comprendre à l’Eucharistie, sinon un
Christ qui tombe du ciel dans un morceau de pain pour devenir notre nourriture
au sens où cela nous consolera, nous fortifiera, nous permettra de lutter
contre les tentations. Nous retombons dans un moralisme dans lequel il est
impossible que puissent rentrer nos contemporains. Le vrai est que toute l’histoire
de l’homme devient le corps du Christ. Elle ne cesse pas pour autant d’être une
histoire humaine, mais elle débouche sur un au-delà de l’homme qui est sa
véritable vocation. Et c’est quand l’homme devient véritablement Corps du
Christ qu’il devient pleinement homme.
Le Christ est donc présent non pas comme quelqu’un qui
tombe du ciel, mais comme étant le fruit de la transformation divinisante qu’il
opère dans ce mystère le plus central de notre foi qui est l’Eucharistie.
L’hostie consacrée n’est pas
seulement le Christ,
C’est aussi l’homme christifié
François Varillon
Joie de croire, Joie de vivre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire